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G R È C E - Gioconda, Nikos Kokàntzis

  • Photo du rédacteur: Frederique Josse
    Frederique Josse
  • 20 sept. 2024
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 oct. 2024







« Je me souviens comme si c'était hier de cette période fondatrice de a vie, de cet éveil dans un délire de couleurs, d'émotions, de désirs – et en même temps la guerre, le devoir de survivre à travers un combat qui devait effacer le goût de la défaite, un combat où tout était bien défini, noir et blanc, sans aucune place pour l'hésitation et le doute ».



Écrit-il pour ne pas oublier, pour ne pas emporter Gioconda avec lui dans la tombe, ou pour se délester de cette mémoire qui le hante ? Dans son unique roman publié en 1975, Nikos Kokàntzis, dont on ne sait rien si ce n'est qu'il était psychiatre à Londres et qu'il est décédé en 2009, raconte son histoire avec la fureur et la sincérité d'un condamné. Son premier amour, splendide et dramatique, avec une jeune fille juive, Gioconda. « L'expérience la plus bouleversante de [sa] vie », dans une Thessalonique en pleine occupation allemande.



Rarement roman n'aura été si sensitif. En quelques pages - le roman n'en compte que 93, écrit d'une traite, sans chapitrage - le corps tout entier revient à cet état si violent, si troublant de l'adolescence. Au moment où tout n'est que découverte, où chaque parcelle de peau semble entrer en collusion avec l'univers. Nikos Kokàntzis raconte de manière organique la découverte charnelle de son propre corps, de ses sens mis en éveil, des premiers émois, de la sexualité. Il décortique à merveille la passion originelle, quasi schizophrénique, ce tourbillon où la sensation de bonheur, de jouissance, frôle la douleur physique.


Cette expérience est d'autant plus forte que l'atmosphère est étouffante. Dans la moiteur des soirées méditerranéennes, alors que Nikos et Gioconda se cachent dans des terrains vagues pour explorer leur soif de l'autre, des corps sans vie sont jetés çà et là, pour avoir résisté à l'occupant allemand. La faim, la peur, l'attente, la honte d'être envahi agissent comme un catalyseur. Il faut vivre, vite, fort. Le secret de leurs étreintes rend d'autant plus insoutenable et magnifique ce « noyau irréductible de joie et de sérénité ».  


Derrière la beauté infinie de cette éphémère passion, il y a évidemment la mélancolie sourde du narrateur. Amer de cet amour tué dans l'oeuf. Amer de la perte de ses amis juifs, tous déportés en 1943 et dont très peu sont revenus vivants. Amer du « désert architectural et humain » qui a terrassé le quartier pittoresque de son enfance. Mais il est intéressant de dresser un parallèle avec l'épreuve collective que nous vivons actuellement. Sans évidemment comparer la crise sanitaire à 39-45, certains aspects de notre société actuelle peuvent s'apparenter au climat d'anxiété propre aux temps de guerre : peur et incertitude exacerbés, sentiment de menace, mesures politique, sociales et économiques exceptionnelles, polarisation des idéologies. Et c'est là que Gioconda apporte, malgré sa tonalité profondément dramatique, un souffle d'espoir. On pourrait croire que la guerre annihile toute poésie, tout espoir, toute magie. Pourtant, l'auteur l'affirme très nettement : cette période de sa vie fut « plus trépidante qu'elle ne le serait jamais ». Et malgré les menaces, malgré les risques, malgré l'horreur, l'urgence de vivre semble toujours surgir de nulle part. 


Derrière la beauté infinie de cette éphémère passion, il y a évidemment la mélancolie sourde du narrateur. Amer de cet amour tué dans l’œuf. Amer de la perte de ses amis juifs, tous déportés en 1943 et dont très peu sont revenus vivants. Amer du « désert architectural et humain » qui a terrassé le quartier pittoresque de son enfance. Mais en ces temps d'incertitude et d'instabilité, ce roman est particulièrement inspirant, malgré sa tonalité profondément dramatique. On pourrait croire que la guerre annihile toute poésie, tout espoir, toute magie. Pourtant, l'auteur l'affirme très nettement : cette période de sa vie fut « plus trépidante qu'elle ne le serait jamais ». Et malgré les menaces, malgré les risques, malgré l'horreur, l'urgence de vivre semble toujours surgir de nulle part. 



OXI, focus sur l'occupation en Grèce


L'Occupation de la Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale (1941-1944) a commencé avec l'invasion du pays par les forces de l'Axe, principalement l'Allemagne, l'Italie, et la Bulgarie. Après une résistance héroïque contre l'armée italienne en 1940, la Grèce fut submergée par l'armée allemande en avril 1941. Le pays fut divisé en zones d'occupation contrôlées par ces trois puissances.


Pendant cette période, la Grèce a subi une famine dévastatrice, avec des milliers de morts, et des répressions brutales, notamment les massacres de villages entiers comme celui de Distomo en 1944. La résistance grecque, dominée par le Front de libération nationale (EAM) et son bras armé, l'ELAS, s'est organisée contre l'occupant. Cependant, des tensions internes se sont exacerbées entre les groupes communistes et royalistes, contribuant à la guerre civile qui suivit la fin de l'Occupation en 1944, plongeant le pays dans un conflit fratricide jusqu'en 1949.


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