J A P O N - Les amants du Spoutnik, Haruki Murakami
- Frederique Josse
- 21 sept. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 oct. 2024

Sumire, c’est une étoile filante, une jeune femme incapable de s’ancrer dans la réalité. Sa passion pour Miu, une femme plus âgée, est une course perdue d’avance. Miu, impénétrable, incarne l’inatteignable, une planète trop loin pour être touchée. Leur relation n’a rien d’une histoire d’amour classique. Elle est un long frisson qui ne devient jamais chaleur. Murakami met en scène ce désir qui reste suspendu dans l’air, comme un murmure qui ne devient jamais cri.
K., quant à lui, observe tout ça, impuissant. Amoureux de Sumire, il est bloqué dans sa propre orbite autour d’elle. Il est là, tout près, mais toujours à distance. Quand Sumire disparaît en Grèce, son absence devient un gouffre. K. se perd dans sa recherche, mais ce qu’il poursuit vraiment, c’est un fantôme. Murakami nous plonge alors dans cette sensation vertigineuse de ne jamais pouvoir atteindre ce qu’on désire le plus. C’est l’essence de Les amants du spoutnik : l’amour est une fuite en avant, un jeu de miroirs qui ne reflètent jamais la réalité.
Un amour sans gravité, toujours hors de portée
Chez Murakami, l’amour n’est jamais là où on l’attend. Dans Les amants du spoutnik, il est fuyant, fragmenté, insaisissable. Sumire aime Miu, mais Miu reste froide comme une étoile morte. K. aime Sumire, mais elle ne le voit pas, ou refuse de le voir. Murakami ne nous raconte pas un triangle amoureux, il nous montre une géométrie où chaque ligne se brise avant de se rejoindre.
Dans ce monde suspendu entre deux réalités, l’amour devient une force centrifuge, quelque chose qui vous pousse toujours plus loin de celui que vous voulez atteindre. Chaque tentative de rapprochement n’est qu’un échec annoncé. Et pourtant, les personnages continuent, inlassablement. C’est peut-être ça, le plus grand mystère de Murakami : pourquoi cherche-t-on à s’accrocher à ce qu’on ne peut jamais avoir ?
Un amour sans gravité, toujours hors de portée
Chez Murakami, l’amour n’est jamais là où on l’attend. Dans Les amants du spoutnik, il est fuyant, fragmenté, insaisissable. Sumire aime Miu, mais Miu reste froide comme une étoile morte. K. aime Sumire, mais elle ne le voit pas, ou refuse de le voir. Murakami ne nous raconte pas un triangle amoureux, il nous montre une géométrie où chaque ligne se brise avant de se rejoindre.
Dans ce monde suspendu entre deux réalités, l’amour devient une force centrifuge, quelque chose qui vous pousse toujours plus loin de celui que vous voulez atteindre. Chaque tentative de rapprochement n’est qu’un échec annoncé. Et pourtant, les personnages continuent, inlassablement. C’est peut-être ça, le plus grand mystère de Murakami : pourquoi cherche-t-on à s’accrocher à ce qu’on ne peut jamais avoir ?
Quand la réalité s’efface
Puis vient le moment où Sumire disparaît, comme si elle s’était volatilisée dans un autre monde. Pour K., c’est l’entrée dans une dimension où rien ne fait sens. Il cherche, fouille, mais tout ce qu’il trouve, ce sont des questions. Il est piégé dans une réalité altérée, un espace où Sumire semble avoir franchi un seuil que lui ne pourra jamais passer.
Murakami ne se perd pas dans des explications. Il laisse les choses en suspens, comme un ballon qui s’élève dans le ciel sans jamais redescendre. Ce n’est pas une disparition que l’on peut résoudre. C’est une métaphore de l’impossibilité. Sumire devient l’incarnation de cet amour que l’on ne peut pas atteindre, qui s’échappe toujours au dernier moment. Et dans ce silence, ce vide, Murakami révèle toute la mélancolie de l’existence : nous poursuivons sans cesse ce qui nous échappe, même si cela signifie se perdre en chemin.
Zoom sur : La solitude urbaine au Japon, un thème sous-jacent dans Les amants du spoutnik
Au-delà de l’amour impossible, Les amants du spoutnik explore un thème profondément ancré dans la société japonaise moderne : la solitude urbaine. Tokyo, avec ses gratte-ciels imposants et ses foules pressées, est omniprésente dans le roman. Pourtant, les personnages y errent comme des fantômes, déconnectés du monde qui les entoure. Murakami capte cette sensation unique d’être seul au milieu de millions de gens, un sentiment devenu presque caractéristique des grandes villes japonaises.
Dans le Japon contemporain, l'individualisme exacerbé et la pression sociale créent une forme d'isolement particulièrement intense. Les "hikikomori" (jeunes reclus) ou encore les personnes vivant dans des "capsules-hôtels", illustrent cette déshumanisation de l'espace urbain. Murakami, à travers ses personnages, met en lumière cette fuite intérieure, où l’on se retranche dans des mondes imaginaires pour échapper à l’insupportable distance qui nous sépare des autres.
Titre : Les amants du spoutnik (Titre original : スプートニクの恋人, Supūtoniku no Koibito)
Auteur : Haruki Murakami
Édition française : Belfond
Traductrice : Corinne Atlan
Date de parution originale (Japon) : 1999
Date de parution en France : 2003

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